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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/336

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Faites… L’histoire est connue ! Je ne me défendrai même pas, Mademoiselle.

RENÉE.

Non, je ne vous tuerai pas… non, je ne tirerai pas sur vous…

GIBERT, (appuyé à la bibliothèque.)

Alors ?… J’attends !

(Un silence.)
RENÉE.

Je vous redis ceci posément, encore une fois, Monsieur Gibert : vous allez me donner votre parole d’honneur de détruire les exemplaires et les formes d’imprimerie immédiatement, ou aussi vrai que je suis ici… c’est moi qui vais me tuer devant vos yeux ! Je me brûlerai la cervelle, ici même, devant vous, dans vos bureaux ! Je veux qu’il y ait ce sang sur votre livre !… Alors, il pourra paraître en toute sécurité et les hommes pourront le lire ! Et je ferai comme je le dis… et pas demain, non, non, tout de suite, tenez !… (De son manchon elle tire un sac entr’ouvert qui laisse passer le canon d’un revolver.) Ah ! ça vous trouble !… Vous ne vous attendiez pas à cette solution… Vous êtes courageux, en effet ; deux balles dans la peau, pour des gens comme vous, c’est le risque honorable ! Mais ceci sera plus dur à supporter… Allons, réfléchissez, ça en vaut la peine !… Toute la vie il faudra traîner ce boulet-là !… Je serai un cadavre très lourd !…

GIBERT.

Le chantage au suicide !… c’est assez femme, en effet… en admettant que l’idée ne vous ait pas été soufflée !