Est-ce toi, ma petite Emerencia… Je te vois, je te vois ! (Il pleure.) Mon meilleur baiser !… Viens, que je frôle tes cheveux et ta gorge nue… Ah ! du réel à l’imaginaire, où est la mesure ?… Je savais bien que tout renaîtrait du livre dès que je l’ouvrirais… Voilà, je te caresse… je te touche.
Scène XII
Viens, petite… Ta bouche est restée aussi attirante. Ta forme est aussi pure… (Il se recule épouvanté.) Ah ! ça, mais suis-je ivre… ou suis-je fou ? Quel est ce cauchemar amoureux ?… Les voici… les revoici mes nuits de quinze ans… mes nuits de vingt ans… Ma vie, ma vie entière… toute fraîche et dansante… (Dans l’ombre, devenue plus mystérieuse et plus bleue, d’autres formes s’ébauchent.) Béatrix… Isabelle… Dolorès… Alicia… Teresina… Paula… D’où sortent-elles ? (Du puits monte une lumière dorée, et voici qu’une à une des femmes nues émergent, s’appuient à la margelle et pénètrent dans la salle. La nuit se peuple de fantômes.) Elles sortent du puits comme la vérité… et nues comme elle !… (Il contemple ce spectacle, cette récapitulation lumineuse, avec une terreur sacrée. Il roucoule vingt, trente noms