Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/268

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le fixe bien dans les yeux et lui donne une pichenette sur la joue.) Maintenant, la scène est complètement reconstituée… Allez, mon petit…

(Le jeune homme, ravi, de la porte salue. Marthe lui fait un gentil signe de la main.)
LE JEUNE HOMME.

Au revoir, Mademoiselle ! À jeudi.

(Empressé, il disparaît. La porte à peine claquée, elle formule sa gaieté dans une exclamation comique et mutine.)
MARTHE.

Ces gosses !…(De la main au piano elle fait, en passant, un arpège joyeux. Mais, tout à coup, elle s’arrête net. Un nuage passe sur son petit front. La figure se contracte, se plisse, sous une poussée d’angoisse et de mélancolie. C’est bref. Elle revient à la réalité, va au bureau, sonne et attend en se mordant un ongle. Aubin entre.) Aubin descendez me chercher tout de suite, boulevard Saint-Germain, chez Perrez, le pâtissier, une livre de petits fours glacés… glacés…

AUBIN.

Mais si on sonne ?… Je suis seul ; la cuisinière n’est pas là.

MARTHE.

J’ouvrirai moi-même… Tout de suite, n’est-ce pas ?

AUBIN.

Immédiatement, Mademoiselle.

(Il s’en va. Restée seule, rêveuse, elle ouvre plus grande la porte par laquelle vient de sortir Aubin et qui donne sur la galerie d’entrée. Elle tient toujours machinalement à la main gauche sa cigarette éteinte. Elle se dirige vers la chaise longue en