moi… seulement, quoique de race ennemie l’un et l’autre, je tiens à vous dire encore ceci : je ne vous hais pas.
Je vous remercie… vous êtes bien aimable.
Non, je ne vous hais pas… Au fond, malgré moi, j'estime ce que vous faites… C’est peut-être tout ce que les gens comme vous peuvent faire sur la terre !… Quant à Catherine (Mouvement de Nekludoff.) si, si… il faut que vous sachiez… ne croyez pas que je sois amoureux d’elle… Je l’aime, voyez-vous, comme j’aimerais une sœur, une amie qui aurait beaucoup souffert, et que je voudrais consoler ; je ne désire rien d’elle, rien que pouvoir lui venir en aide, adoucir sa vie… Si elle consent, et si elle n’obtenait pas sa grâce, je demanderais à être envoyé dans la ville où elle finirait sa peine… oh ! ce sera vite passé !… je vivrai près d’elle et peut-être parviendrai-je à lui rendre la vie moins dure, à lui donner un peu de repos… j’essaierai… (il s’essuie les yeux.) Je vous demande pardon… il y a vingt ans que je n’ai pas pleuré.
Que puis-je vous dire ?… Je suis heureux qu’elle ait trouvé un défenseur tel que vous.