Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/139

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d’épaule, un bout d’étoffe rouge, c’est tout !… Alors, ils ont tourné à toute allure dans les rues diverses. Mon taxi ne pouvait suivre qu’à une distance normale pour ne point éveiller leur attention. Brusquement, je les ai perdus. J’ai pris la rue Puvis-de-Chavanne ; eux, ils ont dû prendre une petite rue à gauche… Pendant une demi-heure, j’ai exploré toutes les rues environnantes. J’espérais qu’un taxi arrêté m’indiquerait la maison. Rien ! Je n’avais plus qu’à me faire conduire ici, et, en bas de chez vous, j’ai erré… je me suis promené… Maintenant, il est trois heures. Le sot espoir qu’elle était peut-être ici… montée par l’escalier de son atelier… le désir surtout de vous voir, de parler à quelqu’un, m’ont fait sonner à votre porte… À présent, je suis chez elle et j’attendrai jusqu’à l’aurore… jusqu’au matin ! (Il frappe sur la table.) Je veux lui dire toute ma haine, tout mon mépris, toute ma colère ! Ah ! le sentiment de répulsion que j’éprouve !… le… (Il s’arrête.) Eh bien, vous voila fixée !… L’étiez-vous auparavant ? Je n’en sais rien ! Oui, oui, je n’en sais plus rien ! J’en arrive à douter de tout ! N’ai-je pas été la dupe de deux aventurières ?

MADAME DE MARLIEW.

Monsieur, c’est trop abominable de parler ainsi ! Je vous comprends… mais, regardez-moi regardez-moi, par pitié ! Depuis que vous parlez je me demande lequel de nous deux est fou ! lequel a perdu tout son bon sens ! Et encore maintenant je vous répète que vous avez du être le jouet d’une erreur !

PHILIPPE.

Phrase classique… ! Je l’attendais. Malheureusement…