Ma fille est sage, Monsieur, ma fille est pure !… Mais oui, en ce moment encore j’en répondrais, j’en réponds ! J’ai eu toutes ses petites confidences d’enfant, de jeune fille. J’ai lu ses petits cahiers… Elle écrivait ses pensées au jour le jour. Je vous les montrerai… vous ne douterez plus. Elle a repoussé toutes les avances, tous les partis !… Vous la connaissez, farouche, aristocrate pétrie d’orgueil…
Ce qui n’empêche pas que votre fille menait la louche existence des débauchées !
Non, je vous crie que non ! Vous allez avoir l’explication de cette imprudence, car c’est une imprudence, un défi, peut-être… Vous devez bien voir, Monsieur, que je vous dis toute la vérité…
Je vois que vous ignorez peut-être tout, que vous avez été roulée, vous la mère, comme moi ! C’est admissible… Une aventurière comme elle peut donner le change à tout son monde !
Mais elle vous adorait !
Peut-être ambitionnait-elle seulement mon titre ?… Peut-être m’aimait-elle, après tout ?…
N’en doutez pas !