Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/126

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passe ? Mais je me suis juré de ne parler que de nous, uniquement. Si nous ne devenons pas des ennemis — souhaitons-le ! — nous serons en tout cas séparés, nous devons l’être, et vous verrez que par la suite la vie gâchera le joli souvenir de cette journée. Je le sens si bien, je suis si sûr que c’est une question de jours… d’heures comptées… que je vous ai laissé venir aujourd’hui… afin que vous ne conceviez pas de doute plus tard sur mes sentiments… Quoi qu’il arrive, je veux que vous puissiez penser : « Il était gentil malgré tout, ce garçon ! » C’est pourquoi aussi j’ai tenu absolument à vous rendre vos charmantes lettres.

(Il se lève et va ouvrir un petit meuble.)
NELLIE, (à voix basse.)

Gardez-les. Vous me ferez plaisir ?

MAURICE, (prenant les lettres.)

C’est impossible.

NELLIE.

Vous ne voulez pas me faire ce plaisir !

MAURICE.

Je vous répète que c’est impossible. Je ne peux pas les conserver… J’ai mes raisons pour cela, des raisons… très sérieuses… Vous verrez, plus tard… vous comprendrez… et vous m’approuverez…

NELLIE.

C’est plus cruel que tout, tenez, ce que vous faites là. Donnez, donnez…

(Elle les prend. Pendant qu’elle les met dans son sac à main, il est passé derrière elle.)
MAURICE.

Il ne faut pas être triste. (Il pose la main sur