Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/174

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ils n’y seront plus le soir. Vous n’aurez personne à votre banquet : ce serait un désastre… Et votre discours, sans les délégations ouvrières, sans…

RANTZ.

Si je m’étais cassé la jambe, pourtant !… Ce que je demande n’est pas colossal ! la transformation du déjeuner de demain matin en dîner. Les fleurs des arcs de triomphe se faneront, voilà tout !

LE CHEF DE CABINET.

Et les concours que vous devez présider ! Et les récompenses que vous devez distribuer et dont les titulaires ne seront plus là ! Monsieur le président du Conseil affirme que ce serait très grave, ce banquet républicain du Commerce et de l’Industrie étant surtout le prétexte de votre discours sur la grève, et sur la nouvelle politique d’apaisement.

RANTZ.

Ah ! ah ! mon discours ! mon discours !… Je n’arrive même pas à le finir… Il sera propre, mon discours !…

LE CHEF DE CABINET.

Je n’irai pas. Monsieur le ministre, jusqu’à vous offrir mes services…

RANTZ, (haussant les épaules.)

Ah ! mon cher ! J’ai là deux sténographes. Ils me suivent partout, du cabinet de toilette dans l’escalier, de l’escalier dans… Ce ne sont plus des sténographes, ce sont des coureurs !… (Se reprenant.) Du reste, ça n’a aucune espèce d’importance. Je le finirai dans le train !… Seulement il faudrait pouvoir le prendre, ce train !… Et s’il n’y avait que cette préoccupation. Dieu de Dieu !… Vous ne pouvez pas imaginer la série de tracas qui m’arri-