Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

BOUGUET.

Mais non. Comme d’habitude, ma part. (Avec intention.) Notre part, à ma femme, à Blondel et à moi, n’est qu’une contribution au hasard…

MAIRESSE.

Pas de mots pareils entre nous, Bouguet ! Vous nous avez dit vous-même, à déjeuner, combien de recherches patientes il a fallu pour arriver à reproduire, en partant de cultures, des lésions cancéreuses caractérisées…

BONVALLET.

C’est un résultat merveilleux, inattendu, et qui va être formidable de conséquences !…

BARATTIER.

Il y a encore quinze jours, on m’aurait affirmé qu’on pourrait les provoquer sans inoculation de fragment de lésion, ça m’aurait paru du domaine de la fantaisie ! Du Jules Verne pour première page de journaux !

MAIRESSE.

Nous savions pourtant que, depuis longtemps, vous étiez sur la question, mais nous ne nous doutions pas que vous touchiez au but…

PÉLISSIER.

Et tu le tenais bien caché !

BOUGUET.

Naturellement. Ce que je ne vous ai pas dit, pendant le déjeuner, ce sont nos transes, nos espoirs successifs et nos hésitations finales, lorsque nous avons enfin obtenu ce résultat d’isoler le bacille. Ce résultat-là, voici trois ou quatre mois que nous aurions pu le faire connaître.

MADAME BOUGUET.

Oh ! oui, facilement trois ou quatre mois… n’est-ce pas, Blondel ?