Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/67

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départ, j’ai éprouvé une répugnance instinctive, je l’avoue, mais je m’en suis blâmé de suite, il faut songer à toi d’abord. Et si tu pouvais passer tes jours à côté d’un homme parfait, bon, foncièrement bon, quelle réussite inespérée pour toi !… Oui, ma foi, la logique de cette union semble avoir frappé tout le monde aussitôt qu’on en a émis l’hypothèse… Seulement, ce que tu considères comme un désastre et les autres comme une gloire… voilà… est-ce réalisable ? Ne s’abuse-t-on pas ?… Voyons, ne perdons pas de temps en paroles vaines ! Tu connaissais, dis-tu, cet amour… En réalité, nous le connaissions tous deux, mais Blondel t’en a-t-il fait la confidence ou l’aveu comme il paraît qu’il l’a fait à ma femme ?

EDWIGE, (étonnée.)

À Madame Bouguet ? Ce ne doit pas être exact ?

BOUGUET.

Enfin, à toi, s’est-il déclaré ?

EDWIGE.

Oui et non.

BOUGUET.

Pas de réponse trop féminine, je t’en prie.

EDWIGE.

Une fois, il m’a embrassée dans un couloir brusquement, et puis il est devenu tout rouge. Il s’est enfui… Je ne vous l’avais pas dit parce que je n’aime pas parler de ces choses-là. Une autre fois aussi… un livre…

BOUGUET.

Un livre ?…

EDWIGE.

Non. À quoi bon !… Ne me torturez pas… Tout ce qui n’est pas vous m’horripile.