Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/224

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vraiment, je ne puis pas !… Écrivez ce que vous voudrez, après tout !…

GRAND’MÈRE.

Pas de moi-même… Je t’en prie, parle sans contrainte… ne prolonge pas ce qu’il y a d’odieux pour nous dans la situation… Quelques mots…

MARTHE, (dictant.)

« Maxime… Voilà… C’est fini. Ne venez pas. Nous sommes désormais étrangers… étrangers et de la même famille, paraît-il… On vous expliquera plus tard… Maxime, mon devoir… » Je ne puis pas !… vous voyez bien…

GRAND’MÈRE.

Continue.

MARTHE, (mordant son mouchoir et s’emballant, peu à peu avec volubilité, dans une rage désespérée.)

« Le devoir, paraît-il, c’est ça… je ne puis plus agir autrement… oui… c’est parce que j’ai donné mon sang… parce que j’ai été bonne une fois, deux fois, puis d’autres… que je ne dois plus jamais, jamais… C’est parce que j’ai été bonne hier, aujourd’hui, qu’il faut que je le sois pour toujours… c’est simple… voilà… m’entends-tu ?… c’est parce que ceci, parce que cela… va-t’en, va-t’en ! Maxime, Maxime, Maxime !… »

(Elle éclate en sanglots. Silence.)