une préface l’auteur se départe de son impersonnalité créatrice, et publie le pourquoi de la créature, — se dédommageant ainsi d’avoir été jugé, applaudi ou exécuté, le bâillon sur la bouche.
Nous savons, d’autre part, que certains sont demeurés
dans l’obscurité et le mystère, les jugeant propices
à laisser, sous apparence dédaigneuse, le champ libre
aux commentateurs, à favoriser la légende en livrant
leurs ouvrages à l’interprétation comme de simples
ouvrages de Dieu. Ceux-là savent l’attraction de
l’énigme. Ibsen la calcule avec soin ; puis d’autres et
d’autres encore bénéficient de leur silence qui en
furent tout à fait irresponsables comme certains morts
et tel Shakespeare. Plus de simplicité sied aux plus
humbles. Mais l’auteur, ne se rangeant ni à l’un ni à
l’autre parti, évitera tout commentaire analytique de
ses pièces : elles ne sauraient seulement se passer de
quelques notes brèves et de quelques indications.
Ces deux drames ont été conçus en même temps sur un même plan. En laissant à l’écart ici la simple pensée philosophique qui s’y développe et forme leurs intrigues successives, il faut dire que « la Lépreuse » est un essai de tragédie légendaire, nous voulons d’abord entendre par là, et sans que ce soit, le moins du monde, l’objet final de la pièce, la restitution de la légende au théâtre. Nous haïssons même en les aimant