Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 1, 1922.djvu/59

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ALIETTE.

Oui, écoutez-moi. Yohan.

Car mon pauvre cœur est bien mal à l’aise

Croiriez-vous, — oh ! répondez-moi bien, —

que la petite bouche que voici

ait bu au sein d’une lépreuse.

ERVOANIK.

Je jure que jamais votre petite bouche

n’a bu au sein d’une lépreuse,

et que lorsqu’elle le voudra,

votre bouche boira à ma bouche,

comme au même verre.

ALIETTE, (sourdement.)

Car il suffit de boire au verre

d’une lépreuse, pour en mourir parfois…

savez-vous cela ?

ERVOANIK, (souriant.)

Vous ne m’effraierez point mon amie.

ALIETTE.

Et qu’il faut un bien bon cheval,

et bien des écus,

pour s’en aller à la rivière du Jourdain,

où les lépreux recouvrent la santé,

là où notre Sauveur fut baptisé ?