Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/126

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semblait votre marotte à cette époque !… Je sais bien qu’un esprit comme Pierre n’a pas pu être sérieusement influencé par les opinions d’une enfant… Tout de même sur le moment, n’est-ce pas ! J’avoue que je regrettais tant de paroles que nous avons prononcées imprudemment, sans nous douter de ce qui se passait dans son esprit à lui.

GINETTE.

Car, vous aussi, vous étiez très combative.

CÉCILE.

Ah ! Dieu, je me le suis assez reproché ! Si j’avais pu deviner ! Mon tort, voyez-vous, ça n’a pas été quelques paroles imprudentes qui n’ont pas dû peser beaucoup sur sa décision, non, mon vrai tort a été un respect humain absurde, j’aurais dû l’empêcher de partir, j’aurais dû m’accrocher à lui.

GINETTE.

C’eût été mal ! Vous ne le deviez pas.

CÉCILE.

Si, si, je le devais, ce sera le remords de toute ma vie !

GINETTE, (sursautant.)

Est-ce que vraiment vous penseriez !…

CÉCILE.

Non, non, non ! Je ne pourrais pas supporter cette idée-là ! non, je ne le veux pas ! Quand bien même j’entendrais toutes les horloges de la ville sonner en même temps, l’heure n’aura pas sonné tant que je n’entendrai pas celle-ci… la mienne.

(Elle se croise énergiquement les bras.)
GINETTE.

Ce soir, ou demain matin, et vous savez que