Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/153

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risque qu’on les trouve après sa mort ? Ma justification est dans le témoignage qui m’accuse. Vous y lirez tout ce que je proclame. Je vous en supplie maintenant, ayez-en le courage… Si, il le faut ! Il n’y a qu’une chose qui me stupéfie : ce que vous venez de me dire à l’instant, qu’il se trouverait là-dedans une phrase écrite à mon adresse. Toutes les lettres qu’il dut m’écrire me sont parvenues.

CÉCILE.

Elle l’avoue !

GINETTE.

Ah ! Cécile ! Je vous les donnerai. Une autre que vous-même pourrait les lire sans frémir et sans condamner. Mais celles-ci, les avez-vous bien lues, Cécile ? Vos yeux brouillés de larmes ont pu se tromper. Ces mots s’adressent peut-être à vous…

(Elle s’est approchée de la table. Cécile s’élance.)
CÉCILE.

Éloignez vos mains… C’est un supplice de les voir se tendre vers cette chose ! J’ai bien lu ! Mes yeux ne peuvent plus s’abuser maintenant. Pourquoi cette lettre est-elle là ?… Oui, pourquoi ? (Elle reprend la lettre, après l’avoir cherchée.) Ce sera facile à savoir, nul doute… J’ai vu au passage son écriture au crayon… Elle m’a brûlée comme du feu !… Je me suis arrêtée.

(Tout à coup elle pousse une exclamation.)
GINETTE.

Quoi donc ?

(L’attitude de Cécile change en un instant, elle devient grave et terrifiée.)
CÉCILE, (lisant.)

« Dans mon agonie, cinq heures du soir… » Mon