Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/244

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réclame de vous le silence complet… Laissez-moi me recueillir un instant, j’en ai besoin ! J’ai beaucoup, beaucoup de peine !… (Grand silence. Il s’est appuyé à la table la tête dans les mains, puis il s’avance devant la table.) Messieurs, malgré tout… il faut surmonter mon émotion. J’y suis prêt !… En quelques mots, je liquiderai la situation !

FURTZ.

On vous écoute !

SAINT-ABBAN.

Respectueusement, Monsieur Dumontel !

LUCAYA.

Respectueusement !

DUMONTEL.

Permettez-moi pourtant de le prendre de haut !… On semble suspecter notre bonne foi politique !… Je veux donc m’élever, non sans tristesse d’avoir à le faire, au-dessus des intérêts matériels du journal que vous défendez fort bien ! Le vieux lutteur parlementaire que je suis, et je crois qu’on ne me refusera pas l’expérience de la carrière…

ENSEMBLE.

Non… Non !

DUMONTEL.

Le vieux parlementaire, dis-je, déplore tout haut l’aberration humanitaire qui séduit les hommes de votre valeur, Dartès, en raison de ses mirages ! Cette aberration ne doit pas engager un organe comme le nôtre dans une route qui nuirait — bien que nous ne fassions pas ouvertement de politique — non seulement à nos intérêts, mais, je le dis comme je le pense, à la défense du pays !

SAINT-ABBAN.

Vous résumez admirablement nos sentiments !