Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/291

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semaines, tu ne réponds même pas à mes lettres et que tu refuses tout rendez-vous… Alors ?…

RENÉE.

Si papa te voyait ici, chez lui !…

MADAME DARTÈS.

Eh ! bien, quoi !… Nous sommes séparés, mais on peut avoir à se parler !… Il y a d’ailleuis peu de chances qu’il me voie, puisqu’il est en face, en train de signer le pacte… l’affreux pacte qui va faire de lui un paria et de toi, ma chérie, peut-être une victime.

RENÉE.

Ah ! ah ! tu espionnes !

MADAME DARTÈS.

J’étais en bas avec une foule de badauds et de reporters… Quand j’ai vu ton père traverser la rue, je n’ai pu résister à l’envie de monter… J’avais vu ton petit visage à la fenêtre…

RENÉE.

Mais j’y songe de plus en plus !… Est-ce que, par hasard, tu ne serais pas venue avec Wheil ?… J’imagine très bien l’auto de Wheil te déposant au coin de la rue !… Est-ce que tu ne serais pas derrière la démarche qu’il vient de faire auprès de papa, et n’est-ce pas lui qui a laissé intentionnellement la porte ouverte ?

MADAME DARTÈS, (haussant les épaules.)

Je ne sais pas ce que tu veux dire !… J’ai en effet vu Wheil et Donadieu descendre d’ici avec ton père… C’est tout… Wheil a repris son auto et il est reparti rapidement par la côte de Saint-Cloud… Embrasse-moi, veux-tu ?… (Renée lui tend le front.) On peut rester cinq minutes ?