Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/339

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sion, toutes mes forces… c’est la France !… Voici son image, nous l’avons partout dans la maison. Deux millions d’hommes sont morts pour elle. Et maintenant, pour détruire les germes de dissolution qui la menacent encore, il faut des ouvriers décidés, acharnés !…

RENÉE.

Non !… La France ne demande pas qu’on l’aime de cette façon-là, ce n’est pas vrai !

GIBERT.

Si !… Quand les ennemis intérieurs de son destin s’apprêtent à la sacrifier à leur idéal insensé et mettraient plutôt le feu aux soutes pour la faire sauter que de renoncer à leur chance de victoire !

RENÉE.

Cela vous va bien à vous qui n’hésiteriez pas une seconde, pas une seconde à sacrifier des millions d’individus pour le triomphe de vos idées ou de votre parti politique !

GIBERT.

Au peuple, à toute la nation, il faut montrer la vérité, la grandeur de l’idée qui a triomphé. Il faut maintenir les forces spirituelles qui ont rallié autour du drapeau toute la civilisation !…

RENÉE.

Et c’est au nom de ce mysticisme social qu’il faut crocheter les tiroirs et les consciences ! C’est pour cela qu’il faut que la vie d’une pauvre fille soit étalée, profanée, et que ce revolver étende la victime par terre, là, à vos pieds !

GIBERT.

Halte-là !… Je respecte toutes les victimes. Ma-