Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/341

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La fraternité des hommes et des peuples, ça, c’est la blague suprême !

RENÉE.

Non, non… pas vous !… Pas vous !… Que d’autres viennent me le dire… que d’autres bouches m’en convainquent… ou alors, si l’amour est un effort de l’intelligence et du progrès, mais c’est encore bien plus beau… Monsieur Gibert, Monsieur Gibert, faites un effort ! Donnez un exemple de bonté, de pitié !… Oh ! je n’y mets aucun orgueil, vous voyez !… Je me fais bien humble !… Je ne suis pas une guerrière, je suis une pauvre femme qui demande la charité humaine !

GIBERT.

Et qui pose l’ultimatum du sang !… D’abord, votre ultimatum, je n’y crois pas !… On ne se tue pas en manière de protestation !

RENÉE.

Il faut la preuve ?

(Elle saisit le revolver.)
GIBERT, (vivement et lui empoignant le bras.)

Allons, laissez cela, laissez cela !

RENÉE, (éclatant en larmes.)

Ah !… vous voyez bien tout de même que vous avez pitié !… J’ai vu un éclair de pitié dans votre regard… C’est peut-être vrai ce que disent vos amis, que vous êtes un exalté, un fou… mais, au fond, un homme pas méchant ! Il faut avoir pitié !… Il faut faire le geste généreux de détruire ce livre… Ce geste, comme il vous ennoblira aux yeux de tous !… Voulez-vous que je m’humilie, que je vous en supplie… je le ferai… Ayez pitié de