servées aux hommes politiques ou à ceux dont la vie publique s’est mêlée à des effervescences de partis. Je voudrais bien dire que ces attaques s’adressent à l’esprit de la pièce et à ce qu’elle peut contenir de volonté artistique ou de tendance morale. Hélas ! j’en serais complètement empêché ! Les tendances de l’œuvre y sont pour peu de chose. La coalition a été nettement dirigée contre la personnalité d’un écrivain dont l’indépendance et l’isolement semblent avoir servi de cible. À part quelques esprits coutumiers d’analyses qui honorant leur profession, — combien rares ! — et qu’il est superflu de désigner ici, un flot d’articles conçus dans un style d’une rare indigence ont charrié tous les lieux communs de l’invective… La plume a peine à reproduire ces gentillesses… Je me suis vu traité successivement dans les grands quotidiens de « bandit crapuleux, empoisonneur public, excrémentiel, pourriture, faussaire, lubrique, honte de la France… le plus nauséabond des mercantis, farceur et saligaud, de Sade dans son cachot, palefrenier morphinomane, potard convulsionnaire, gatouille de bateau, ordure suprême…, etc., etc. » Que sais-je !… Injures qui n’ont aucune relation d’idée avec la pièce, mais c’est là le procédé habituel de la calomnie. Ce n’est triste que parce que de pareilles choses s’écrivent durant que les Allemands piétinent encore le sol de France ! Ma pièce était communément traitée de parodie sacrilège, de chiennerie, de pauvreté ignominieuse et de spéculation révoltante, etc… Et il ne faut pas croire que ce genre de critique ait été un langage spécifique réservé aux entrepreneurs habituels de l’injure et de la haine. Je citerai tel poète — sans talent, mais connu — qui osa écrire : « Par ici, les nettoyeurs de tranchées ». L’essai d’obstruc-
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