ment, d’autant plus qu’elle n’a subi jusqu’ici que des échecs et que l’auteur n’est disposé à faire aucune concession. Mais désormais je me refuserai même à prendre connaissance de ces tentatives d’obstruction et j’ignorerai de parti pris les diverses réactions auxquelles mes pièces donneront lieu. J’estime qu’il n’y aura pas de meilleure réponse que de soumettre mon hygiène littéraire à plus de solitude encore ; non point par sentiment de suffisance, mais pour protéger mieux cette fameuse indépendance si nécessaire à l’écrivain, et sans laquelle notre métier deviendrait le dernier et le plus misérable des métiers ! Je suis, par ailleurs, mieux instruit que tout autre de mon infériorité. Je ne défends que la bonne foi de mes ouvrages où les lacunes, les fautes et les faiblesses abondent. Sur le terrain de la sincérité seulement je les sais inattaquables. À part quoi je n’ai point du tout la prétention ni la sottise de penser que leur exécution soit irréprochable.
Pour m’excuser de tant de tares manifestes, je m’en réfère seulement à quelques vers griffonnés il y a des années sur des cahiers intimes aujourd’hui livrés au public et où se résumait toute la foi naïve de ma jeunesse :
« …Mais mon pardon sera peut-être
D’avoir avec un soin pieux noté ces voix
Qui font le grand écho du cœur, ces cris de l’être
Désespéré, perdu au sein des vieux pourquois…
Mon pardon, ce sera de m’être fait petit,
Proche, attentif, sincère, et d’avoir consenti
Que le rêve s’incline, ou que la main se pose
Sur l’immense pitié qui sort du cœur des choses !
En sorte que j’ai bien mérité, quoique indigne,
Mon pardon. D’un cœur pur, l’ouvrier se résigne
À n’être qu’humblement l’artisan de sa cause,
Heureux s’il peut encor permettre à son orgueil
De déposer, ainsi que des fleurs à l’autel,