Chut ! taisez-vous… tout à l’heure. (À Germaine.) Dites-moi, Germaine, j’ai une faim du diable, apportez-moi tout de suite du saucisson, du pain, beaucoup de pain.
Il a augmenté !
Ah ! vous devez être si surmenée…
Non !… je suis creusée… mais pas crevée du tout… Évidemment voilà deux nuits que je ne dors pas… De grands blessés sont arrivés avant-hier.
Vous avez l’air un peu fatiguée, Mademoiselle.
C’est regrettable, car je ne me suis jamais mieux portée. J’ai une vie si merveilleuse, si passionnante !
Alors vous avez bien voulu préparer quelques dons, comme vous me l’aviez fait espérer !…
Parfaitement, vous m’excuserez s’il n’y a pas grand’chose ! Ce que j’ai pu récolter… Je vais vous faire apporter ça. (Elle appelle par la galerie.) Jean, dites à Germaine de vous donner le paquet préparé dans l’office avec l’inscription : « Mutualité des Orphelines». (Elle revient vers les dames.) Une seconde, vous permettez ? (À la mère Caraco, bas). Eh bien, vous pouvez les garder vos vingt francs.
Oh ! merci. Mademoiselle ne s’était pas trompée ?