Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/77

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GINETTE.

Oui, aujourd’hui, j’avais hâte de rentrer jouer du violon. (À Simone.) Comment va-t-elle ?

SIMONE.

Pas très bien, toujours.

GINETTE.

Tiens, qu’est-ce qu’elle fait là ? Qu’est-ce que vous faites, Simone ?

SIMONE.

Eh bien ! du crochet.

GINETTE.

Jusque dans la rue ! Quel zèle ! au moins si on vous rencontre, on sera bien sûr que vous faites quelque chose pour les blessés.

SIMONE, (aigrement.)

Tout le monde ne peut pas être infirmière… Si je n’avais pas ma gastro-entérite !

PIERRE.

Allons, ne vous chamaillez pas !

CÉCILE.

Ah ! voilà les sabots ! le compte y est ?

GINETTE.

Ma foi, je n’ai pas eu le temps de vérifier, j’avoue. J’ai mangé une tranche de saucisson admirable ; quand je dis une tranche, je devrais dire un demi-saucisson, j’avais une faim de poilu !…

PIERRE.

Vous ne mangez donc pas à votre faim à l’ambulance ?

GINETTE.

Justement. On ne sent sa faim qu’en sortant.