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L’HOMME À LA ROSE





PRÉFACE

C’était en 1917. L’administration militaire venait de me rendre ma maison de campagne, sise à quinze kilomètres environ des lignes allemandes et transformée depuis plus de deux ans en ambulance. Pour m’abstraire du roulement de la canonnade, des éclatements d’obus, du tapage des cantonnements, je me remis tout de suite à ma table de travail ébréchée et j’ébauchai brièvement l’Animateur. Mais, peu après, jugeant l’œuvre trop absorbante pour un esprit livré encore à des pensées tumultueuses, j’en ajournai l’exécution, et, en manière de dérivatif, un beau matin, j’attaquai, sans préparation, les premières scènes d’une pièce à laquelle je ne pensais plus depuis longtemps, conçue dans ma jeunesse, et que j’avais négligé d’écrire.

L’idée première, le scénario (à peu de chose près identique à celui de la pièce actuelle) date, ma foi, de 1895. Ce n’est point d’hier ! Je venais d’enterrer ma vingt-deuxième année. Marcel Schwob était le familier de mes soirées d’hiver. Je lui contai l’histoire de l’« Homme à la rose » telle qu’elle m’était venue à l’esprit. Elle le plongea dans le ravissement. Ne vous étonnez pas d’une aussi complète approbation. Il faut vous dire