Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/242

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grand cœur, et un beau cerveau… voilà l’essentiel…

CARLOS, (imitant son geste.)

Vous en parlez comme d’un objet… Vous soupesez du geste… Un beau cerveau !… Dire de quelqu’un : « Ah ! il a un bien beau cerveau… Comme on dirait : « Il a un bien b… »

MARTHE, (d’un ton qui n’admet pas la réplique.)

Carlos, vous m’embêtez… Là !… Compris ?

CARLOS, (n’insiste pas et tire un porte-cigarettes de sa poche.)

Bien !… Cigarette ?… On peut ?

MARTHE, (haussant les épaules.)

Ça, tant que vous voudrez !… On peut même vous en fournir.

CARLOS.

Merci… Je fume des cigarettes que des femmes roulent spécialement pour moi sur le bord du Nil.

MARTHE, (entre les dents.)

Tiens, le Nil c’est donc à la Villette ? (Elle gratte une allumette.) Du feu ?… Je croyais que vous ne fumiez qu’en chantant ou en jouant du piano ?

CARLOS.

Vous vous trompez… Dans toutes les actions heureuses que j’accomplis, j’allume une cigarette.

MARTHE, (s’esclaffe, tout en soufflant l’allumette.)

Ça doit être bien commode dans certains cas !