Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/245

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CARLOS.

Au tour de votre petite main.

(Il chante, la cigarette aux lèvres.)

Ô mains ! apportez-moi la rose d’un soir pâle !…

MARTHE, (tranquillement accoudée au piano et soutenant bien le regard de Jupiter alangui.)

Assez !… Ça ne prend pas avec moi… Faites ça aux Annales, ou dans les soirées mondaines… Je vous avertis que vous pouvez rester une heure dans cette attitude… votre charme n’opérera pas…

CARLOS.

Rien n’est plus sincère, pourtant, que ce que je ressens. Alors, je vous le dis comme je le peux, dans mon langage. Et comme en musique on peut tout dire… tout supposer… tout…

MARTHE.

Carlos ! Qu’est devenue votre petite amie ?

CARLOS, (avec une suffisance affectée.)

Laquelle ?

MARTHE.

Celle d’autrefois… de vos années de Conservatoire… la petite blonde… cette employée de chez Lucie que vous avez abandonnée quand vous êtes devenu un homme du monde, et qui s’est tiré un coup de revolver ?

CARLOS, (fermant le couvercle du piano.)

Vous voulez m’être désagréable, n’est-ce pas ?

MARTHE.

Pauvre petite !… Je suis sûre que vous la