Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/254

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GABRIEL, (il prend une robe de mariée qui est posée sur le lit.)

Mais tu couds aussi ! Qu’est-ce que tu couds ?… Je vois des étoffes mirobolantes… du broché blanc !

JEANNE.

Une robe de mariée.

GABRIEL.

Tu dis… une robe de mariée !

JEANNE.

Eh bien, oui !… une robe de mariée. Qu’est-ce qui t’étonne ! Crois-tu qu’il y a des gens superstitieux ! C’est la fille de Madame Chauvin, la fruitière en gros du quartier, qui se marie… Elle s’est piqué le doigt en essayant. Elle a taché d’un peu de sang un lé de la robe. Il a fallu à toute fin que je le remplace. « Du sang sur ma robe de mariée ! jamais… ça me porterait malheur. » Elle a exigé que je change tout le lé. Est-ce bête, crois-tu ? Son fiancé l’adore et ils seront heureux. Comment ne serait-on pas heureux quand on s’aime ?… Ils se marient à Saint-Étienne-du-Mont jeudi prochain. Il y aura beaucoup de monde. La mariée est charmante et…

GABRIEL, (l’interrompant.)

Qu’est-ce que tu veux que ça me fiche, le mariage de ta fruitière en gros ?

JEANNE.

C’est vrai. Je bavarde à tort et à travers… Tu permets que j’utilise un fer chaud, rapport au charbon ? (Elle se met à repasser.) Ça m’a tout de même amusée de coudre cette robe à mes momente perdus… Il n’y a plus de chanoe que j’en