Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/360

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serait bien gardé de t’avertir lorsqu’on a su qu’il n’était que prisonnier ?

LEVASSEUR.

C’est lui qui l’a voulu ainsi. Il tenait à venir me trouver et à m’annoncer lui-même la nouvelle. C’est égal ! quelle délivrance pour moi !…

MADAME LEVASSEUR, (avec autorité.)

Voyons, est-ce que tu n’es pas dupe ? Est-ce qu’on ne se moque pas de toi ?

LEVASSEUR.

Ne cherchez pas, mes enfants… Je l’ai reconnu… à toute sa personne.

MADAME LEVASSEUR.

Cette espèce de mise en scène truquée… cette mère qui parle trop, puis qui se tait subitement quand il faudrait parler… Tu me permettras de réserver mon opinion. Qu’en penses-tu, Philippe ?

PHILIPPE.

Je pense, maman, qu’il y a de tels bouleversements dans les âmes en ce moment qu’il ne faut pas chercher de la logique là où chacun improvise… Et puis qu’importe… Le fait est là.

LEVASSEUR.

Oui, le fait est là. Ouf ! mes enfants !… Comme ce dénouement est plus léger à supporter. Vous me comprenez ?

MADAME LEVASSEUR, (froidement.)

Tu ne peux pas exiger de nous une satisfaction égale à la tienne. Cet enfant ne tient pas à nos