Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/383

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réparerait toute l’injustice de ma vie ?… Que je t’aime ! Serre, serre-la, ta vieille maman !

PAUL.

Eh ben ! Ce n’est pas meilleur que tout, dis ? (Il l’embrasse.) La guerre m’a rendu… Qu’est-ce que tu veux de plus, nom de Dieu ! Dis, souris, la grosse… Souris !… Ah ! mais tu en as, un sale caractère ! Vrai, tu sais !

JEANNE, (essayant de sourire à travers ses larmes.)

Ah ! si tu es content et résigné ! Pourvu que je vive avec toi un bout de temps, fouette, cocher ! Au bout du monde !

PAUL.

Pas au bout du monde, c’est trop loin ! Mais je te paie une soirée à Saint-Germain, dans un caboulot que je connais très rupin, et puis, après, cinéma jusqu’à la gauche !… Viens donc !

JEANNE.

Alors, quoi… Renoncer… abandonner au moment où peut-être !… Et si tu le regrettais après, mon petit !

PAUL.

Non !

JEANNE.

Pourquoi ?

PAUL.

Pourquoi ? Parce que je t’aime… parce qu’il fait beau dehors… parce que tu as un œil qui se croit dur et qui voit tout en bonté et en douceur. Voilà pourquoi… Viens donc, maman, on rigolera un peu !

JEANNE.

Sans attendre même ce qu’ils vont dire ?