Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/137

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lui eût coupé les bras plutôt que de lui faire faire une action qu’il n’eût pas jugée bonne… Il fessait la fille, mais il n’a jamais fait pleurer la mère… Et je me souviendrai toujours de la poignée de main qu’il me donna quand je quittai le pays pour gagner ma vie, une poignée de main où il y avait pour cinquante ans de courage et de belle honnêteté… je ne sais pas si la fille saura y mettre l’énergie qu’y mit le père, mais c’était à peu près comme ceci, je me souviens… Good bye. (Elle lui donne un shake-hand formidable. S’inclinant sèchement.) Mademoiselle.



Scène XV


GYSÈLE, ANDRÉ, seuls.

GYSÈLE.

Oh ! qu’est-ce que tout ça veut dire ?… Non, mon cher, non, je ne veux pas me mettre dans cette histoire !…

(Elle a un retrait immédiat vers la porte.)
ANDRÉ, vivement.

Gysèle, Gysèle !… que nous importent les gens !… Ils ne savent pas encore… Quand ils sauront dans quelle boue je pataugeais !… Demain, Gysèle, demain, si vous le voulez, ma vie entière vous appartient…

(Il lui prend les mains avec effusion.)
GYSÈLE, regardant la porte obstinément comme un chien qui voudrait partir.

Laissez-moi descendre. Je voudrais m’en aller.

ANDRÉ.

Pratiquement, voyons… voulez-vous ?… loge 37… Vous avez peur ?…

GYSÈLE.

Oui, je ne suis pas tranquille. J’aimerais mieux ne pas être venue… Les scènes, vous savez… les histoires…