Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/189

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toute une génération qui finit ce soir !… Mais, au fond, crois-le bien, personne n’a jasé… et c’est tout de même une femme de grand mérite.

MADAME HEIMAN.

Oui, oui, je connais la rengaine. Elle a élevé la petite au biberon, ses amis à la cravache, et vous êtes là une douzaine qui avez l’air d’enterrer votre jeunesse.

VICTOR.

Oh ! moi je ne suis pas de la promotion… je ne la connais que de deux ans. Ce sont les amis qui m’ont attiré… Il y avait une bonne table. Ils doivent tous être rudement furieux contre Dessandes ! Et, ma foi, elle a bien fait de l’épouser, pour elle et pour la gosse. Il fallait une fin. Ils seront heureux et de cette fleur d’oranger ils sauront se faire d’excellente tisane… Mais quelle journée !

MADAME HEIMAN.

Il y a encore du monde au salon ?

VICTOR.

Quatre chats… Tu viendras demain déjeuner ?



Scène II


Les Mêmes, ISABELLE DESSANDES.

ISABELLE, entrant.

Tiens ? Ah ! vous cherchez le frais ! (À Victor.) Oui, c’est ça, allez-vous-en ! (À Madame Heiman.) Pas vous ; nous avons beaucoup de choses à nous dire. Voulez-vous que je ferme la porte du hall ?

(Victor entre au salon.)
MADAME HEIMAN.

Je vous en prie, madame, vous vous occupez beaucoup trop de moi.