Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/204

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PIERRE.

Adieu, Isabelle. Je ne vous en veux pas. Vous me croyez ?

ISABELLE.

Oui.

(Un temps. — Le domestique apporte le chapeau et le pardessus.)
PIERRE, mettant son pardessus.

Je vous écrirai. Quel souvenir vous allez garder de moi ! J’ai honte un peu. (Il se regarde complaisamment dans la glace en mettant son chapeau.) Bah ! en somme, rococo, mais j’aurai été ce qu’on appelait autrefois un galant homme… la jolie expression !… un de ces voyageurs surannés comme on en rencontrait jadis, dont on disait : Je l’ai connu à Chiassetti, ou ailleurs, il aimait une belle dame, qui avait un chapeau de satin blanc, et il mourut en lui écrivant des vers sur son Pétrarque. (Il rit.) Allons, adieu. Quelle stupide conversation de départ !

GEORGES, rentrant.

La voiture est là.

PIERRE.

Je me sauve. (À Madame Heiman qui vient d’entrer.) Au revoir, vous. Oh ! nous sommes gens de revue !

ISABELLE, lui tendant la main.

Bon courage, mon ami.

(Ils se regardent.)
PIERRE.

Bonne chance, Isabelle. (À Georges, en sortant, la voix un peu contractée.) Fermée, la voiture ? Il doit faire un temps !