Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/256

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ISABELLE.

Je sais ; mais moi, j’en ai… Je t’en prie, mets la sourdine… ce sera plus décent.

GEORGES.

N’est-ce pas toi qui m’as recommandé d’être aussi gai que possible ?… Je pensais que cela faisait partie du programme. C’est une gaîté de…

ISABELLE.

De commande.

GEORGES.

Oui.

ISABELLE.

Merci. Tu t’en es bien acquitté. Je me rappelle, en effet, je croyais bénévolement que la situation allait te gêner un tant soit peu, t’être désagréable… Je croyais, oui, je l’avoue, que tu allais souffrir de ton côté.

GEORGES.

Je veux bien souffrir, si tu y tiens, absolument… mais je n’ai pas de raisons de souffrir.

ISABELLE.

C’est que c’est vrai pourtant !… Quelle raison aurait-il de souffrir en effet ?… C’est admirable ! Tu es là, à l’aise, confortablement…

GEORGES.

Confortablement, non, non… n’exagérons rien… Je ne suis pas mal, actuellement, voilà tout.

ISABELLE.

Il y a deux femmes qui t’aiment, au lieu d’une ! C’est tout le résultat que t’a apporté ce changement de vie !… Il a parbleu raison !… Seulement, moi, qui n’ai pas les mêmes sujets de gaîté, ce que je te demande, c’est un peu de décence, dans les expansions, — pour celle qui souffre.

GEORGES.

De décence !… J’ai fait quelque chose d’indécent ?