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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/277

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cheminée. — Une dernière fois, on entend dans la bouche de Jeannine roucouler plus faiblement le mot de « Georges ». — Au moment de s’en aller, avec douceur, il lui tape la joue, et grave :) Allons, bonne lecture, mon petit… (Brusquement.) Je ne sais pas comment vous pouvez tenir dans cette pièce, vrai… il faudra que je fasse mettre des bourrelets aux portes… brrr !

(Il sort.)


Scène XIII


JEANNINE, puis ISABELLE.

(Restée seule, Jeannine ne change pas de position. La tête est seulement inclinée toute basse sur le livre. — Un grand temps se passe ainsi.)
ISABELLE, rentrant par la gauche sur la pointe des pieds.

Rien… elle est seule… Tout est comme à l’ordinaire… la lampe brûle… la bûche chante… (On entend et on voit au dehors la bonne qui ferme les volets.) On ferme les volets… Elle ici… lui là-haut… C’est ma maison… ma calme maison du soir… Tout est en place… Et me voici, moi… le cœur battant dans ce silence… Ah ! Isabelle ! ma pauvre Isabelle !… que fais-tu là… en cette minute… et où t’en vas-tu ? (Elle prend ses gants et se rapproche derrière le canapé.) Elle pleure !… j’entends tomber ses grosses larmes sur le livre… dans le silence… une… deux… On pourrait les compter… Et c’est toi, toi, petite sœur… toi que j’aimais tant… Ah ! méchante… méchante… Qu’y a-t-il au fond de cette horrible petite tête !… de la vengeance… et puis… autre chose encore… voleuse, entends-tu !… voleuse !… Oh cette petite tête que je h…

(Jeannine se lève en sursaut, effarée, avec un cri.)