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ANDRÉ, redescendant après avoir quitté le directeur, qui disparaît. En passant près du pianiste, à mi-voix.

La brute !

LE PIANISTE, se retournant.

Hein ?

ANDRÉ.

Ah ! c’est vous… je ne vous avais pas vu… Bonjour, monsieur… monsieur du piano… comment vous portez-vous ?

LE PIANISTE, rectifiant.

Damianos.

ANDRÉ.

C’est ça, c’est ça… Damianos (Il passe.) À qui est cette enfant ? À vous, Dannet ?

GILLET.

Tu ne vas pas nous l’amener tous les jours, ton gosse ?

EMMA.

Il te gêne ?

ANDRÉ.

C’est vrai que vous êtes une des rares actrices rangées et mariées. C’est bien ça… Il ressemble à son père, d’ailleurs.

EMMA.

Il n’est pas de mon mari… Ah ! non, par exemple !… Avoir un enfant de mon mari, quelle horreur ! Dire qu’il y a des femmes qui supportent cette idée…

ANDRÉ.

Alors, il est d’avant ?

EMMA.

Non ; d’après.

ANDRÉ.

Ah ! parfait !

EMMA, sentencieusement.

La première chose, mon petit, quand on se marie, c’est de se faire une vie bien à soi. Tout de suite que je me suis mariée, j’ai commandé mon ménage à différents fournisseurs. (À l’enfant.) Et maintenant, oust ! va jouer chez le petit concierge…