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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/96

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ANDRÉ.

Ce n’est pas votre carreau qui excite ma curiosité… c’est qu’il n’y en ait que pour un œil… Pourquoi procédez-vous toujours par un… je l’ai remarqué… un carreau et un bigoudis ?… Car je vous ai aperçue, l’autre matin, avec une papillotte en papier brouillard, là, sur le front, une seule… Ô Netche, pourquoi cette unité ?

NETCHE.

Parce que, sans doute, je suis moi-même une unité de vieille fille. C’est peut-être parce que j’aime particulièrement ce nombre, que je ne me suis pas mariée.

ANDRÉ, souriant.

Mais, le mariage, n’est-ce pas encore ne faire qu’un ?

NETCHE.

Oh ! si j’étais mariée, mon cher, il me semble que mon ambition se bornerait à ne faire que deux… Ce serait déjà superbe !… On y est si souvent un nombre supérieur.

LE DOMESTIQUE, rentrant.

Madame Valgy et une demoiselle sont là.

ANDRÉ.

Quelle demoiselle ?

LE DOMESTIQUE, hésitant.

Je crains d’avoir mal compris : mademoiselle Petit-Bouyou.

ANDRÉ.

Elles viennent me remercier de mon cadeau de première. Faites-les monter.

NETCHE, se levant.

Ah ! vos sales actrices, mon cher !… Je me sauve. Je monte dans ma chambre.

ANDRÉ.

Restez donc !

NETCHE.

Dieu m’en préserve !… Je n’aime pas du tout vos actrices… Je prends mes papiers, vous permettez ?

(Elle va au bureau.)