Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SIMONSON.

Alors, je ferai des choses merveilleuses… Oui, oui, je les vengerai tous… tous ceux qui ont souffert, nous, eux, les pauvres bêtes de somme de la terre, qui ne savent pas. Vous aussi, Maslowa, ils vous ont bien fait souffrir… dès que vous êtes arrivée dans nos rangs, inconnue, je l’ai vu à votre doux visage… (On entend des cris affreux derrière la palissade. Ceux qui étaient perchés sur la palissade descendent.) Mais dans quatre ans, je serai libre… pense à cela. Est-ce que toi aussi, cela ne te plairait pas, quand tu auras obtenu ta grâce, d’aller là-bas consoler un peu le vieux monde, utiliser ce que nous savons, nous, de la douleur ?… Ce serait une belle vie… on irait…

LA MASLOWA, l'interrompant.

Écoutez… c’est fini.

(En effet, un silence morne a succédé aux plaintes.)
SIMONSON.

Oui, il a dû rouler dans un coin tout sanglant.

LA MASLOWA, reprenant.

Alors, vous disiez ?

SIMONSON, rousissant tout à coup, désarçonné.

Moi ? rien… rien, Maslowa… J’avais les cris de cet homme pour m’aider, mais maintenant, je ne sais plus… en vérité, je n’avais rien à dire… Voilà… je m’en vais couper du bois pour chauffer Krilitzof. Et vous ?…