Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA MASLOWA, l'interrompant.

Non, Dimitri… Vous avez besoin de vivre… Maintenant ce n’est plus un rêve, je suis libre et il faudrait passer à la réalité. Que feriez-vous dans une vie pareille, grand Dieu ! Jamais je ne vous laisserai accomplir une folie dont vous vous repentiriez toute votre existence. Vous vous êtes attaché à moi, vous avez été excellent, je vous dois tout, tout. Dimitri, c’est bien assez ; mais là s’arrête votre devoir… Le reste… c’est… autre chose (Avec un triste sourire.), tout autre chose…

NEKLUDOFF.

Mais si tu me chasses de ta vie, si je te laisse à cet homme que tu n’aimes pas, qu’est-ce que tu deviendras ?

LA MASLOWA, avec un effort de tout le corps.

Ne vous inquiétez pas… C’est un brave garçon… Que puis-je souhaiter de mieux ? Nous travaillerons dans les villes… je rachèterai…. Peut être arriverai-je à me rendre utile… Allez, allez, vous pouvez partir sans peur maintenant.

NEKLUDOFF.

Catherine ! Catherine !

(Il va la saisir. À ce moment en entend les cloches et les chants qui viennent du village.)
LA MASLOWA, tressaillant.

Oh ! écoutez… les cloches… les chants… comme autrefois… C’est Pâques !…