Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/206

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RICHARD.

Mais, c’est un collage !

LIGNIÈRES.

Deux ans ! Oui, ça a commencé en rhéto. Je l’ai lâchée en philo et puis je l’ai reprise quand je suis entré à l’Acétylène. Dame, ça ne nous rajeunit pas !… Oui, c’est du temps de la classe du père Delaître que j’ai fait cocu le papetier… C’est une femme charmante, du reste… Elle a des idées sur la vie… C’est une mélancolique…

LOUIS.

Elle doit sentir la gomme et le papier calque.

RICHARD.

Je me rappelle, en sortant de classe, à Janson, je lui achetais des cahiers de deux sous… elle me les comptait trois. Ce n’est pas pour te vexer ce que j’en dis, mais tu me dois des tas de sous.

LIGNIÈRES.

Blaguez toujours… au moins, c’est une femme mariée. Evidemment, je ne dis pas que ce soit gai, gai… Le soir quand elle allume le bec Auer dans la boutique, je me sens le cœur fade… mais enfin ça vaut toujours autant que de courir vos grues.

LOUIS.

Non, moi, je ne comprends que les grues… c’est propre, net et chic ; on sait sur quoi on marche… Toutes les autres femmes me font l’effet de femmes de chambre.