Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/163

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MADEMOISELLE AIMÉE.

Et pourquoi, mon Dieu, avoir pris le train au milieu de la nuit ?…

GRÂCE.

Oh ! des histoires !… Ça n’a aucune espèce d’importance… Je ne me suis même pas couchée sur le lit, à l’hôtel, j’ai passé le reste de la nuit dans un fauteuil, figurez-vous ! (Elle entre.) Bonjour…

(Elles se serrent la main.)
MADEMOISELLE AIMÉE.

Je vous trouve les yeux un peu tirés, en effet, mais vous avez attrapé bonne mine tout de même pendant ces vacances… Et rien de nouveau ?…

GRÂCE.

Non… Si, si… Il y a une grande chose sur la terre. Si, petite voisine… À vous, à vous seule, je puis l’annoncer.

MADEMOISELLE AIMÉE.

Dites vite.

GRÂCE.

Cette nouvelle-là, depuis le peu de jours que je l’ai apprise moi-même, je ne l’ai confiée à personne, pas même à mon amie intime, chez laquelle je vivais, pourtant… Je l’ai gardée silencieusement pour moi… Je ne l’aurais pas confiée à un arbre de la forêt. (Lentement.) Un jour, un jour je serai mère.

MADEMOISELLE AIMÉE.

Oh ! ma chérie, laissez-moi vous embrasser…