Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/62

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GRÂCE.

Mais tu sais bien que je ne la vois pas. J’ai été lui rendre une fois visite ; j’ai si peur, dans ma position, de la gêner, de rencontrer quelqu’un !… Peut-être n’aime-t-elle pas bien se rappeler tant de souvenirs communs.

CLAUDE.

Oui, sûrement… En tout cas, tu la désobligerais en lui parlant des services qu’elle nous rend sans en avoir l’air.

GRÂCE.

De vrais services, car, en somme, cela ne va pas trop mal… Il n’y a que les leçons de piano !… Mme  Vieulle m’avait pourtant bien promis qu’elle te ferait avoir des élèves…

(Pendant qu’il mange bruyamment et avec appétit, le couteau en l’air, elle s’installe à côté de lui, et, un crayon à la main, parcourt un carnet.)
CLAUDE, (avec hésitation.)

À propos, la fille de la papetière s’en va peut-être dans le Midi… je ne t’ai pas dit ?… pour raison de santé… Oh ! peut-être !… Mais tu sais que mon ami René m’a promis de me faire faire la connaissance de Chevillard, dimanche au plus tard ?… Ah ! ah !… on verra un petit peu ! Pour l’instant, ma chérie, c’est la misère… mais attends… attends… dans six mois, je jure, nom de d’la, que j’aurai mon concert à la salle Erard… Dans six mois je serai connu et…

GRÂCE, (comptant à mi-voix.)

Dix et deux douze et je retiens un.