Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/96

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GRÂCE.

Je veux être respectée, vous entendez, comme j’en ai le droit… sinon je m’en irai de chez vous… Apprenez que je ne reçois aucune visite louche ou qui puisse donner à redire.

MADAME GRILLAT.

Mais, ma bonne madame Morillot, où allez-vous prendre ces idées ?… Peut-on calomnier les gens de la sorte ! Je prêtais l’oreille, en effet, mais c’était pour vous… dans une bonne intention… Il y a en bas des personnes qui vous demandent… et comme ce sont des dames très bien… je ne savais pas s’il fallait venir vous déranger… Ah ! quoi ? mettez-vous à ma place.

GRÂCE.

Vous pouvez toujours venir ici sans me déranger et frapper impunément.

MADAME GRILLAT.

Que voulez-vous, dans notre métier, on ne sait jamais ! C’était bien pour vous ce que j’en faisais. Ce monsieur était encore là… et les dames disaient qu’elles étaient pressées. Je n’aurais pas osé de moi-même, bien franchement ; seulement, elles ont insisté… insisté… elles m’ont même donné cent sous, là, ça y est, vous comprenez ? pour que je monte…

GRÂCE.

Elles ne manquent pas d’aplomb, ces dames-là !… Elles ont dit leur nom ? Combien sont-elles donc ?