Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/149

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à l’instant, d’adopter le langage qui convient à cette entrevue que rien ne me forçait à autoriser… un langage, s’il vous plaît, moins académique, dans le sens d’académie Julian. Vous êtes venue faire appel à un associé, dites-vous… c’était absurde ! Si vous voulez repartir d’ici, tout simplement avec un bon conseil en poche, je ne m’y refuse pas… mais faites en sorte qu’il me soit possible de vous le donner !… Nos intérêts, ne vous en déplaise, n’ont rien de commun… Le divorce, qui pourrait, dans la suite, intervenir entre la princesse de Chabran et moi, n’est pas du tout subordonné aux affaires du ménage Bernier !… Et votre refus de transaction — j’emploie ce terme à dessein — ne peut, en rien, modifier les décisions qui concernent ma propre existence. Est-ce compris ?… Vous baissez la tête… vous ne dites plus rien… Je vois que vous commencez à être plus sage… À la bonne heure !…

LOLETTE, (relevant la tête.)

Quoi ?… Je n’écoutais même pas ce que vous me dites !… Qu’est-ce que ça peut bien me faire, maintenant ? J’ai compris, je viens de comprendre… J’étais venue ici naïvement, comme toujours, et je tombe en pleines combinaisons !… Oh ! je ne sais pas quel est votre accord avec votre femme, mais, tenez, il m’a suffi de deux mots pour me rendre compte qu’ici aussi, j’étais l’ennemie… partout… toujours… l’ennemie… où que je m’adresse !… Nos relations, à mon mari et à moi, m’accueillent, maintenant, avec une certaine politesse froide, qui ne laisse pas de doute… Moi partie, c’est ce mot qu’ils laissent échapper : « Lâche-la donc !…