Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/181

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Ah ! je t’ai vu ! Tu viens de lui faire signe de se taire !… J’étais là à genoux… à me traîner et ils sont décidés à tout ! ils seront inébranlables, je l’ai vu, je l’ai vu !… Que je te hais, que je vous hais !… Ah ! vous allez me connaître ! Vous allez voir !… vous, la gueuse, et toi, maquereau, maquereau !…

BERNIER.

Allons voyons, voyons !… Loulou !

LOLETTE.

Oui, oui… je crierai comme je voudrai !… Ah ! vous ne me faites pas peur ! Je résisterai ! Je résiste… (Tout à coup, elle s’arrête net. Elle reste ainsi quelques secondes, puis elle a une espèce de geste très simple, d’un découragement infini.) Ah ! puis, non, tenez, j’ai compris… c’est fini !… Je pourrais m’user pendant des mois, des mois… vous arriverez toujours à vos fins… Ça y est, fauchée, je suis fauchée !… En somme, qu’est-ce que vous voulez de moi ?… que je vous délivre, n’est-ce pas, pour que vous soyez heureux ?… Bien, vous aurez ce que vous voulez… Y a-t-il de l’encre, ici ?…

BERNIER.

Qu’est-ce que tu veux faire, encore !…

(Elle va à la table.)
LOLETTE.

Laisse… (Elle écrit, en se dictant à elle-même tout haut :) « Monsieur, je demande le divorce… contre mon mari, monsieur Bernier… Veuillez considérer cette demande comme définitive. » Bernier et la princesse se regardent fixement. On dirait qu’ils cherchent à se donner une force mutuelle, pendant que Lolette, penchée, les