Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/22

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BERNIER.

Comme vous êtes aimable ! J’ai emporté trente et une voix au premier tour… et je viens d’en avoir quatre-vingts au second… On vote le dernier tour… Je crois que je ne passerai pas, mais il n’y a qu’un cri, si j’ai quelque vague chance, ce n’est qu’à votre article du Figaro que je le dois… Ça été si inattendu ! Je ne sais comment encore vous remercier… Je suis ému, ému…

VERSELLE.

Ne me remerciez pas. J’estime que votre toile est un chef-d’œuvre. Je l’ai dit, et, en réclamant pour vous la médaille, je n’ai fait que mon devoir… D’ailleurs, vous aurez un nombre de voix très satisfaisant, mais pas la médaille.

BERNIER.

Je ne me fais aucune illusion. Ce serait un passe-droit.

LE JOURNALISTE, (prenant la parole.)

Vous l’aurez dans dix ans, après un stage, et pour une toile ratée.

VERSELLE.

Je vous présente Monsieur Mercier, qui signe « Manon », vous savez ?

BERNIER.

Ah ! oui… Manon. Tout le monde connaît ça. Permettez-moi de vous présenter, à mon tour, Monsieur Tabourot et puis ma petite amie, Mademoiselle Cassagne, qui m’a posé mon tableau.

LOLETTE, (se levant modestement.)

Messieurs…