Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/405

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FÉRIOUL.

Tais-toi ! Tais-toi donc, malheureuse !

CHARLOTTE.

Mais tue-moi ! sois sans pitié !

(Férioul ferme brusquement la porte. Elle est à genoux et se frappe la tête contre le canapé.)
FÉRIOUL.

On peut venir. Relève-toi, voyons… N’ameutons personne ici, au moins (Il la relève et la jette sur le canapé où elle s’affaisse de tout son long.) Tu vois bien que je ne crie pas, moi. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui m’en manque ! Car j’en ai sur le cœur, j’en ai !

(Il tend le poing vers elle.)
CHARLOTTE.

Ah ! et puis, tiens, j’aime mieux ça. En avoir fini, au moins. Ça y est. Je suis délivrée. Je n’ai plus à penser à rien. Je n’ai plus rien à faire… Ça y est… Ah ! j’aime mieux ça, ça soulage.

FÉRIOUL.

Tu trouves ?

CHARLOTTE.

Mon pauvre Maurice ! je devrais te dire d’autres choses… tant de choses… Que je t’aime toujours, que je t’ai toujours aimé… plus que tout au monde… que je suis une misérable folle… mais je n’ai plus la force. À quoi bon, maintenant ? C’est fini… tu ne me croirais pas !… Et puis, non, non, la paix ! la paix ! faites de moi ce que vous voudrez.