Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/80

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cigares. » Et quand je t’ai embrassée à pleine bouche, tu m’as dit, dans un éclat de rire : « Ça, c’est la boîte à bises. » Dieu ! qu’on a été bêtes et gosses, tout de même ! Et que c’est agréable à se rappeler dans ces grands moments, Loulou ! Car, il n’y a pas à dire, me voilà officiel… Tu as un homme officiel ! Nous sommes des personnages arrivés et nous allons être riches… À nous la galette !

LOLETTE.

Tu crois que c’est vrai ?… On va avoir ces soixante mille balles d’un coup !

BERNIER.

D’un coup… comme ça !… hop !… Et ça commence !…

LOLETTE.

Je vais me rattraper un peu, dis… J’ai assez coupé les sous en huit, en dix… Oh ! je ne serai pas dépensière ; mais, enfin, je pourrai réaliser quelques petits rêves… Je mangerai beaucoup de marrons glacés… En hiver, je porterai des œillets chinés roses à mon corsage… Et puis, je me payerai tout de suite le costume de bicyclette, en vert… avec une toque de loutre. Il y a longtemps que j’en ai envie.

BERNIER.

Alors, heureuse, heureuse ?

LOLETTE.

Vois mes yeux… Regarde s’il n’y fait pas beau… Que je t’aime !

BERNIER.

C’est vrai, ça ?