Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/108

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ARMAURY, (bas, à sa femme.)

Donne-moi cette clef ! Donne-moi cette clef ! Je t’en supplie… C’est le moment de la faire partir.

FANNY.

Non.

ARMAURY.

Cesse ce jeu effroyable.

(Fanny joue depuis quelques instants avec la clef et la fait tourner autour de son doigt.)
FANNY, (le regardant avec une ironie crispée.)

Tu souffres, hein ? (Haut, aimable à Gaston.) Que faisiez-vous donc sur le quai Malaquais ? Vous ne devez pas mettre souvent les pieds sur la rive gauche…

GASTON.

J’avais à passer chez un antiquaire pour une vieille crédence en réparation… Je vois un indicateur de chemin de fer ouvert sur la table… Vous allez donc vous absenter ?…

(Fanny a un mouvement, vite réprimé.)
FANNY.

Nous le consultions mon mari et moi, en effet… Marcel va plaider dans le Var, ces jours-ci, nous en profiterons pour faire un petit stage d’amoureux à Monte-Carlo…

GASTON.

Vous resterez longtemps ?

FANNY.

Non, quelques jours… (À ce moment, on entend le bruit d’une auto dans la cour. Fanny regarde son mari et, bas à lui.) L’auto !… Tu avais bien commandé l’auto à quatre heures.

(On entend la trompe avertisseuse.)