Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/143

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vais t’attendre patiemment, et avec un grand courage…

(Elle va vivement à la sonnerie du mur.)
ARMAURY.

Que fais-tu ?

FANNY.

Je fais prévenir tout de suite le père et le fils qui sont dans un salon à attendre anxieusement le résultat de notre entrevue. Je vais leur dire que tu es parti, que tu t’en es allé. Sors par ici, ils ne te rencontreront pas. J’arrangerai tout ; je me charge de mettre les choses au point… Tu peux me laisser, maintenant, sans peur… (Elle relève une tête énergique où des larmes brillent dans les yeux et où un sourire lumineux palpite.) Au revoir, Marcel ! À un jour quelconque… si loin qu’il soit ! le jour que tu voudras… Je serai là ! Va, mon ami… va !…

(Droite, sans le regarder, comme transfigurée par l’effort, elle demeure ainsi, les bras tendus, empreinte d’un désespoir radieux. Il sort brusquement, presque en courant, comme quelqu’un qui va pleurer dehors. Restée seule, immobile, les traits peu à peu se détendent comme s’ils reprenaient l’expression ordinaire de la vie, et la tristesse y reprend sa ligne habituelle.)
LE DOMESTIQUE DE L’HÔTEL, (entrant.)

Did Madam ring ?

FANNY.

Voulez-vous prévenir les deux personnes qui attendent dans le petit salon… (Elle désigne la porte du corridor.) qu’elles peuvent entrer ici… qu’on les attend.

(Elle reste seule, essayant alors de se maîtriser, de se dominer.)