Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/170

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aussitôt.) Il faut que je sorte d’ici, l’électricité éteinte… Je vais me glisser sans bruit dans le couloir… Il est nécessaire qu’il ne me rencontre pas ni ne reconnaisse ma silhouette… Je pense d’ailleurs qu’il se sera couché !… Il a dû remettre à demain matin…

ARMAURY.

Oh ! ta sollicitude a sûrement très exagéré… D’abord, dans un hôtel, des scandales de ce genre sont impratiques à réaliser… C’est un enfant, d'ailleurs…

FANNY.

Les enfants ! je suis payée maintenant pour savoir jusqu’où ils peuvent aller dans leurs résolutions !… Elles valent les nôtres, et au delà… Éteins, veux-tu… éteins l’électricité… (Il ne reste plus qu’une petite lampe… Fanny ouvre la porte du couloir, c’est une double porte comme les portes d’hôtel moderne. L’une intérieure est en bois, la seconde derrière est capitonnée. Elle a donc poussé la seconde porte, et l’on aperçoit le couloir, au dehors, faiblement éclairé à cette heure tardive. Elle s’avance sur la pointe des pieds et, encapuchonnée de voile, elle écoute. Fanny, à voix basse). On marche dans le couloir. (Elle se rejette en arrière et laisse retomber la porte capitonnée.) Il est là, il est là, sûrement… J’entends quelqu’un qui marche, j’en étais sûre !… (Elle a reculé jusqu’à Marcel.) Ah ! que j’ai été bête ! je n’aurais pas dû ouvrir cette porte… Si c’est lui qui guette, il va se demander pourquoi cette porte vient de s’entr’ouvrir si mystérieusement…

ARMAURY.

Mais non, rassure-toi, Fanny… C’est quelqu’un de l’hôtel qui passait…